jeudi 30 octobre 2014

Tu connais mon nom

Tu connais mon nom
toi tu sais prendre
et de ma langue
tu sais faire
du feu dans les vers
Eros imaginaire
tu connais la chair
sous le velours
mange le rouge

Tu connais mon nom
tu sais que
seul ce qui dure
m'emporte
ce qui traverse armure
les ouvertures
et peu importe
la foule
quand j'ouvre la bouche
c'est toi que j'appelle
du verbe naître

Tu connais mon nom
quand les oripeaux se défont
il reste le pardon
et quand nous aurons
donné
nos corps à la mort
il restera
ce cri comme un accord
dans le feu passager
qui nous mord
tu connais mon nom.

Photo: The Lover ( Fox Pathé Europa France)

jeudi 16 octobre 2014

Qui s'en sort

Un jour mon ami
tu sais les amours
courtes ou pas
ce sont des pas
juste vers toi

Un jour
laisse-moi te dire
tu tombes
et c'est plus bas
que ta tombe
tu vas voir
qui pleure en toi
qui ferme les yeux
tu vas voir
l'enfant malheureux

Un jour
les cris s'écrivent
et la colère soulève
ce qui restait
de toi en miettes

Alors quand la brise
arrive
à te couper le sang
j'y vais
quand manque le courage
manque d'eau dans tes larmes
quand le visage
se défait
j'y vais quand même

Un jour mon ami
tu sais les amours
courtes ou pas
ce sont des pas
juste vers toi

D'où veux-tu que vienne
la lumière
clarté sur tes plaies
sur l'équarissage
par lequel
chacun passe
clarté
sur le mur en deuil
c'est l'orgueil
celui qui ronge et censure
affecte la blessure
d'où veux-tu que vienne
la lumière
plongée en toi-même
le père la mère
la lignée alignée
les eaux mortes
qui mordent encore
et plus je m'appoche
plus je vois
l'enfant qui s'en sort
un jour mon ami...

A te prendre le mur

Sais-tu
qu'avant de tomber
je me balançais des histoires
tu pouvais y croire
j'avais dans la tête
des yeux de poète
et comme je cherchais
je trouvais
sais-tu
qui te pousse
à bout de souffle
à te prendre le mur
un matin de confiance

Alors
peut-être que nous sommes
dans la chute
la chance
celle qui sommeille en nous
jusqu'à la dernière fête
la première tristesse
jusqu'à c'que ta tête
dans la fêlure
se reflète

Sais-tu
qu'avant de tomber
de l'horizon je n'enivrais
sur la page
je posais mon âme
au temps de l'enfance
à foncer dans le songe
sur la route
pas d'impasse
pièges et tracas
pas de l'amour
sais-tu
qui te pousse
ô mensonges
ô blessures bien sûr
jusqu'à être nu

Alors
peut-être que nous sommes
dans la chute
la chance
celle qui sommeille en nous
jusqu'à la dernière fête
la première tristesse
jusqu'à c'que ta tête
dans la fêlure
se reflète
peut-être que nous sommes
à ce moment ce présent
à toucher le fond
à laisser fondre
le dehors dedans
le vrai les faux-semblants
ô les autres
ô cette image
de l'ego
suis la brisure
vois la chute
jusqu'à c'que
ta tête dans la fêlure
se reflète.

Dans les combats de rue

Dans les combats de rue
quand nos yeux se cognaient
à manquer de sommeil
à traverser
plus loin que la tristesse
on était là
pour ça
à tourner la tête
aux « arrivés »
arrivistes
à ceux qui en ont fini
avec la vie

Dans les combats de rue
tu t'en prends
des doses d'éveil
quand la petite mort
te mord
quand tu sais
qu'il faudra te refaire
avec ça dans les jambes
et le goût de ton sang
dans les dents

Dans les combats de rue
il te reste à serrer
ta rage
parc'que c'est contre toi
que tu te bats
et faudra bien
aller voir ça
loin des palais dorés
inhabités
à te cogner
à ce qui te fait tomber
dans les combats de rue.


dimanche 12 octobre 2014

It doesn't matter

Les routes les retards
à se croiser
soi
à se dire à la nue
pour qu'enfin
larmes aux vents
tranchent
le fil de Cassandre

A se croiser soi
à se croiser

Pour qu'enfin
de gratitude
je baise ta main
baise la peau
de la nuit incertaine
quand je songe
à la puissance du mot
je t'aime

A se croiser soi
à se croiser

Mais qu'est-ce qu'on attendait
je veux être
à terre
blessures sur mes plaies
je veux voir aussi
sous la cuirasse
les peurs les angoisses
citadelle à la chair
aux os funèbres

A se croiser soi
à se croiser

Les routes les retards
je n'ai vu que des images
mais dites-moi
qui est là quand je parle
qui est là
quand tu regardes
qui a trouvé
monde de lumière
l'éveil
it doesn't matter
quand je songe
à la puissance du mot
je t'aime

A se croiser soi
à se croiser.

Se dresse la table

On pourrait se dire
on pourrait y croire
mais quand tu rentres
chez toi
le cœur en vrac
tu sais que c'est
entre toi et toi-même
c'est juste une histoire
d'être

On pourrait se dire
on pourrait y croire
après la traversée
après les rêves écartés
la vie comme une carte
un blackjack
certains disent tu mérites
et c'est alors que se produit
vanité des vanités
l'orgueil blessé
tu sais que c'est
entre toi et toi-même
c'est juste une histoire
d'être

Entre toi et toi-même

Alors quand parfois
à ta porte frappe
entre l'espoir
on pourrait y croire
et que se dresse la table
à manger à boire
on pourrait se dire
des mets d'amour
des affinités
et plus si encore
sur le sol de marbre d'or
on aurait pu se confondre
telles des ombres
quand la nuit
tombe
un silence me rappelle
que personne ne remplace
personne
quand elle se brise
la fleur blanche me dit que
tu sais que c'est
entre toi et toi-même
juste une histoire d'être

Entre toi et toi-même
c'est juste
entre toi et toi-même
une histoire d'être.