dimanche 29 décembre 2013

Désobéissance

Désobéissance


Parfois rien ne bouge
dans les cervelles embrasées
tout a cédé
au feu au fer à l'acier
plus rien ne bouge
des cordes des arbres
de la harpe
et même les armées en marche
se sont vissées dans le crâne

Des images
tu les connais
ce sont celles
de nos gorges communes
ce sont celles de nos corps
parfois on saigne
à mort
et quand vient le sommeil
plus rien ne bouge
tout a cédé
au feu au fer à l'acier
tu les connais
ces chemins amers
on entend
les enfants de la guerre
se perdrent avec elle
tu les connais
ce sont celles de nos corps
qui saignent à mort
quand tout à cédé


Alors parfois plus rien ne bouge
dans nos yeux renversés
ce sont des images
dissociées
tu les connais
ce sont des plaies des empreintes
qui s'imprègnent
de chemins amers
de la terre aux cimes au ciel
 je t'empêche
de te précipiter
dans les eaux moraines


Tu les connais
ce sont celles
de nos gorges communes
ce sont celles de nos corps
alors parfois on saigne
à mort
et quand vient le sommeil
plus rien ne bouge
tout a cédé
au feu au fer à l'acier
et même les armées en marche
se sont vissées dans le crâne


Alors plus rien ne bouge
et j'en ignore le jour
et même la foule
sourde
et demain
même s'il ne reste plus rien
du déclin
je me penche te prends
et m'imprègne
de tes empreintes
et même si
se sont nos corps
qui saignent à mort
je te prends et m'imprègne
et même si
les armées en marche
se sont vissées dans le crâne
même si tout a cédé
au feu au fer à l'acier
je te prends et m'imprègne
de tes mots de tes lèvres
et jusqu'aux frontières
ce sont nos gorges communes
tu les connais ces images
quand tout a cédé
tout a cédé


Alors parfois plus rien ne bouge
dans nos yeux renversés
se sont
des files d'émeutes
de dieux désarmés
et à chaque goutte de pluie
se cassent les digues
tu les connais
ce sont ceux qui s'aiment
dans la tempête
et sans promesses
et même si
aucune aube ne persiste
même si
les armées en marche
se sont vissées dans le crâne
même si tout a cédé
au feu au fer à l'acier
je te prends et m'imprègne
de tes mots de tes lèvres
et jusqu'aux frontières
quand tout a cédé
je te prends je m'imprègne
de tes lèvres
jusqu'aux frontières.



Emmanuelle Damour

samedi 28 décembre 2013

Damour 2

C'est le jour c'est l'heure
d'oublier le reste
choisis parmi les poèmes
choisis contre la guerre
pour que se pose entre tes lèvres
balle perdue une gamine
aux yeux de braise


C'est le jour c'est l'heure
je ne sais si je saigne
ou si c'est le soleil
choisis parmi les poèmes
choisis contre la guerre
pour que se pose sur l'ouvrière
le son des mots
et songe au soldat
derrière toi
choisis parmi les poèmes
je te promets je t'aime


C'est le jour c'est l'heure
d'oublier le reste
tout est prêt
de la bouche aux braises
tu peux me couper la tête
et me coucher sur la plaie
je te promets je t'aime.

Emmanuelle Damour

Damour

C'est une raison de vouloir encore
des mots elixir
terrible ambroisie pour mes papilles
ou méandre dominant


Une raison de vouloir encore
des rues des murs
images nues
futures cendres dans mes pupilles


Une raison de guetter
une aurore
même si les sourires se mordent
je me tais me console
devant les horloges


C'est une raison de vouloir encore
éclore
dans l'intimité morte
et même si les sourires se mordent
je me tais me console


C'est une raison
de boire l'eau de la mémoire
nectar mêlé de toi
qui m'apprendra
à retrouver gourmande
le couteau brandi
à sortir de la nuit
et même si les sourires se mordent
je me tais me console
enveloppe de dentelles
les cuisses les paupières


C'est une raison
d'échapper à l'échafaud
des minutes des secondes
et même si je remue encore
dans des chaînes
me flatte d'être
âme sans être
c'est une raison de vouloir encore
et même si les sourires se mordent
même si les sourires se mordent
je t'aime encore
et encore
c'est une raison de vouloir encore.

Emmanuelle Damour

Je n'en guéris pas

C'est dans un espace
dérobé
les minutes passent
acrobates
épinglent à la hâte
des mots des cris des organes
je n'en guéris pas


C'est dans un espace
que fraude
l'échange courtois
on se regarde
pétales dans nos pupilles
on se dit on se lit
acrobates on se passe
sur le corps
creuse des paroles
des mots des cris des organes
je n'en guéris pas
on se dit on se lit on se passe
entre nos âmes
possédées
on se dérobe à Chronos

Des mots des cris des organes
je n'en guéris pas


C'est dans un espace
le temps joue au poignard
on se change
enragés en danse
en larmes
sur notre manteau
pétales dans nos pupilles
on se dit on se lit on se passe
des mots des cris des organes
je n'en guéris pas.



Papillon d'un jour

Dis-moi quand ça s'arrête
le brasier de feu et de fer
et dans quel trou
finiront nos paupières

Dis-moi
c'est qui c'est quoi
ce qui nous mord nous serre
entaille dans mes entrailles
frappe quand tu n'es pas là
c'est qui c'est quoi
au lieu de nous bercer
mes mains se sont abîmées
entre des mailles
gonflées de rage

Dis-moi quand ça s'apaise
le brasier de feu et de fer
et dans quel trou
finiront nos paupières

Je veux être du sang du foutre
papillon d'un jour
et gémir à l'heure de la mort
entre tes doigts
matador

Dis-moi quand ça s'apaise
ma peine
se tient en sentinelle
je serai
la belle aux ongles et aux lèvres
la balle dans ta plèvre
je serai
la terre qui enfante
sève et gémissements

Dis-moi quand ça s'apaise
le brasier de feu et de fer
et dans quel trou
finiront nos paupières.

Emmanuelle Damour

Les mots du poète




Parfois j'essaye
je fais taire
les angles les rondeurs
je fais taire
sans être aguerrie
sans guérir
parfois je déborde
et alors
qui m'initie

Parfois j'essaye
je fais taire
la bouche suspecte
et l’œil muet
j'essaye je fais taire
les mots du poète
sans être aguerrie
sans guérir
parfois je déborde
et alors
qui m'initie

Je fais taire
les ombres mensonges
et les regards improbables
trop de foi
dans les nuits sans arbres
dans la peine
bruissent tes lèvres
je fais taire
sans être aguerrie
sans guérir
parfois je déborde
et alors

Parfois
c'est toujours toi
en équilibre une initiale
je fais taire
les lettres
les mots du poète
sans être aguerrie
sans guérir
parfois je déborde
et alors
qui m'initie ?

Emmanuelle Damour

BASM

Les bombes à sous-munitions
BASM


Plus que 4 jours
pour que ça nous saute
à la gueule
des enfants des parents
plus que 4 jours
au Liban et ailleurs
on en meurt
des bombes à sous-munitions
signer la pétition


On en meurt
de ces projets à l'envers
le Traité d'Oslo
c'est la convention qui est contre
les bombes
signer la pétition
Etats-Unis Russie Chine
qui veut autoriser
un crime contre l'humanité
qui veut que la face de la France
face d'un traître
des pas en arrière
allez signer la pétition

Qui veut légaliser la tuerie
des armes à sous-munitions
entrez dans les négociations
moi je suis contre
les bombes
et je dénonce
le profit l'industrie du crime
allez signer la pétitions

Plus que 4 jours
pour que ça nous saute
à la gueule
des enfants des parents
plus que 4 jours
au Liban et ailleurs
on en meurt
des bombes à sous-munitions
signer la pétition


Emmanuelle Damour

Extérieurs

Extérieurs


Pour laisser une entaille
à la surface
pourquoi pas dire
que c'est l'âme du monde
qui gronde
c'est entre toi moi
c'est entre nous
pourquoi pas dire
que le silence avance
sous les fards
sous les lumières blafardes
c'est entre toi moi
c'est entre nous
que gronde l'âme du monde

Alors pourquoi pas dire
que c'est ainsi qu'on se brise
à retenir les mots d'or
dans nos cœurs devenus
en ligne alignés
devenus extérieurs


Pour laisser dans nos entrailles
autre chose qu'un équarrissage
pourquoi pas dire
que c'est ainsi que la haine arrive
à la place de l'améthyste
c'est ainsi
que nous suçons le sang de nos amis
sans dire non sans dire oui


Alors pourquoi pas dire
que c'est l'âme du monde
qui gronde
c'est entre toi moi
c'est entre nous
que le silence avance
sous les fards
les lumières blafardes
c'est entre toi moi
c'est entre nous


Pour laisser dans nos entrailles
autre chose qu'un équarrissage
pourquoi pas dire
que la parole des ministres
a partie liée avec la finance
pourquoi pas dire
que l'art est plus important
que l'argent
et que c'est l'âme du monde qui gronde
quand le silence avance
entre toi moi
entre nous
pourquoi pas dire
que c'est ainsi qu'on se brise
à retenir les mots d'or
dans nos cœurs devenus
en ligne alignés
devenus extérieurs
en ligne alignés
extérieurs
pourquoi pas dire
que c'est ainsi que la haine arrive
à la place de l'améthyste
c'est ainsi
que nous suçons le sang de nos amis
sans dire non sans dire oui

C'est entre toi moi
c'est entre nous
entre toi moi
entre nous.

Emmanuelle Damour

Des tours des routes

Je fais des tours des routes
je fais l'amour
écorches éboulis
on se risque on se prend
à la grande chimie
des heures au fond du ventre
et ailleurs
luxure et déchéance
gourmandes
je ne peux plus m'en défaire
alors hurle le vent


Je fais des tours des routes
force la nuit à exclure
l'oubli
on se risque on se prend
à la grande chimie
hypothèse bien sûr
tant que le bruit de nos cris
ne sera pas devenu
rapace au fond de moi
hurle le vent au fond du ventre
qui enseigne l'amour et la liberté
je ne peux plus m'en défaire

Je fais des tours des routes
je fais l'amour
quitte à manger des chaînes
de feu et de fer
qui enseigne
je ne peux plus m'en défaire
une heure et lutte avec des images
des tours des routes
on se risque on se prend
quitte à se laisser manger
par le temps

On est deux à se tordre
sans se griffer
à se mordre
ombres épouses
qui enseignent
la plainte savoureuse
à propos du matin
mes mains porteuses de liens
qui enseigne et qui croire
choses visages
c'est ainsi que se préparent
les nuits alourdies
le compte à rebours
et la rage animale
hurle le vent au fond du ventre
qui enseigne et qui croire
choses visages
m'en défaire
je fais des tours des routes
je fais l'amour.

Emmanuelle Damour

Bonne nuit

Bonne nuit

Tous les jours
je quitte la chambre
de l'enfance et fonce
sans bague et sans dague
tous les jours c'est tous les jours
je quitte
les poings et les pleurs
et claquent les fouets et les chaînes
c'est en courant
j'ai quitté la chambre
bonne nuit à ceux qui m'ont dit
et maudit


Tous les jours c'est tous les jours
sans bague et sans dague
je les avale
comme des pages des baffes
c'est tous les jours
que claquent les amarres
marre de la mémoire
alors bonne nuit
à ceux qui m'ont dit
et maudit


Tous les jours je quitte
la chambre de l'enfance et fonce
et bientôt disparaîtront
les câbles dans le crâne
et que s'effacent
marche des mots morts
tous les jours c'est tous les jours
sans bague et sans dague
je les avale
comme des pages des baffes
c'est tous les jours
les arbres ne bougent plus
et dans mes godasses ça fait mal
la faim et le froid
marre
que claquent les amarres
alors bonne nuit
à ceux qui m'ont dit
et maudit
bonne nuit à ceux qui m'ont dit
tous les jours c'est tous les jours.

Emmanuelle Damour

Anamorphose

Anamorphose


J'oublie à chaque fois
ton visage
et quand je me relève
je fais le corps
je fais l'ébauche
quand je me relève je sais
être seule
étanches mes plaies
je sais faire avec
j'oublie à chaque fois
et quand je me relève
je sais me servir
de ma langue
jadis servile
je suis
le déplacement de ton œil
anamorphose
je fais l'ébauche
je suis le sujet
je suis

J'oublie à chaque fois
ton visage
et quand je me relève
j'ai passé l'âge des promesses
je sais faire avec
l'infortune
a sollicitude de la vertu
je sais me servir
de ma langue
jadis servile
je suis
le déplacement de ton œil


J'oublie à chaque fois
ton visage
et quand je me relève
je fais la guerre
sans adversaire
un jour je gagne un jour je perd
étanches mes plaies
je sais faire avec
j'ai trouvé
un moyen pour me démarquer
je fais des appels du pied
je suis le déplacement de ton œil
anamorphose
je fais l'ébauche
je suis le sujet
je suis

J'oublie à chaque fois
ton visage
et quand je me relève
je sais être seule
vidée au ventre
je sais faire avec
les cendres tièdes
et quand je me relève
sans vie et sans laisse
je sais me servir
de ma langue
jadis servile
je suis
le déplacement de ton œil
anamorphose
je fais l'ébauche
je suis le sujet je suis
je sais faire avec (x2)


Et quand je me relève
qui me vise qui me porte
qui me dit qui choisir
j'oublie à chaque fois
ton visage
je sais rester
de glace sous la pluie
je fais l'ébauche
je fais sans faiblesses
je fais la guerre
sans adversaire
un jour je gagne un jour je perd
étanches mes plaies
je sais faire avec
et quand je me relève
intense la saison
le temps d'être
l'allégorie de la paix
qui me vise qui me porte
qui me dit qui choisir
j'oublie à chaque fois

Je sais faire avec (x2).

Emmanuelle Damour

Où?

Puisque c'est ailleurs
que passe la douceur
dans la terre réservée
à quelle caste caducée
puisque c'est ailleurs
pleure et jette
le cercle des langues
vénéneuses
et l'envie de la vie
des autres

Puisque c'est ailleurs
que passe la douceur
pleure et jette
la sécheresse
guerre dans la politesse
quand chacun de nos gestes
se file dans le fiel

Puisque c'est ailleurs
et si jamais je n'aimais plus
et si jamais le filtre
nous préparait des nuits
d'agonie
pleure et jette
la porte vierge de tes lèvres
puisque c'est ailleurs
et si tu devenais poussière
j'en mangerais
pour me reposer
du vide et du vomi
puisque c'est ailleurs.

Emmanuelle Damour

L'amour est poésie

C'est ici qu'on s'était assis
que le vent
sa force ses bras
nous avait pris
c'est ici
que ça c'est fini
l'amour est poésie
l'amour est

Tu sais quand tu attends
quand l'autre son absence
te plonge
dans le silence
c'est ici
que nos ventres ouverts
nos yeux nos mains
se sont offerts
on avait
la même langue
la même rage
couvrait nos veines
c'est ici
que j'ai vu
passer l'enfance
passe la peine


C'est ici
que ça c'est fini
l'amour est poésie
l'amour est

Tu sais
quand tu maudis
le temps et l'espace
le moindre écart
parce que c'est ton souffle
ce sont tes poumons
qui se gonflent
quand il est là
parce que c'est ainsi
que la vie
passe en toi
l'amour est poésie
l'amour est
tu sais bien
cette épaisseur
que prend ton cœur
cet instant qui demeure
comme un gardien
aux portes de la lueur
c'est ici
que nous avons reçu
le baiser de l'aurore
nous avons reçu
bien plus que la mort
en héritage
ce souvenir de toi
de ça
et que rien ne remplace
rien ne remplace

L'amour est poésie
l'amour est

Tu sais
c'est comme
ce mot qui se dérobe
ne se pleure ni ne se chante
sans une plaie aux entrailles
sans avoir touché
le nerf optique
sa cicatrice
c'est comme
apprendre à coucher
mes lèvres
sur celles de la nuit
c'est ici
que ça s'est fini
l'amour est poésie
l'amour est.


Emmanuelle Damour

Je prends

Je prends

Avant que n'arrive
le rouge sur nos cous
avant que les nuits de l'hiver
ne s'en mêlent
ne passent ne posent
le doigt de la neige
avant
que l'ombre verticale
des arbres
ne tombe

Je prends
je serre et je mords
je jette et je refais
je prends
je serre je mords
je jette et je refais

Avant
que le temps ne lacère
et que sur nos fronts
se posent
les yeux clos de l'aube
avant de porter
l'éternelle beauté

Je prends
je serre et je mords
je jette et je refais
je prends
je serre je mords
je jette et je refais

Avant que n'arrive
le rouge sur nos cous
et que nos corps
ne se cherchent
dans la mort
je prends je serre
je mords
sur la tombe nacrée
j'irai danser

Avant que le sommeil
éternel
ne te prenne
je prends je serre
je mords
sur la tombée de ton corps
je jette et je refais
je prends
je serre et je mords
je jette et je refais

Avant d'entendre
la dernière heure
et que ne résonne
la porte
avant de tomber
pierre lestée
avant de porter
l'éternelle beauté

Je prends
je serre et je mords
je jette et je refais
je prends
je serre je mords
je jette et je refais
je prends
je serre je mords
je jette et je refais.

Emmanuelle Damour

J'ai appris

J'ai appris


Loin d'ici j'ai appris
à aimer la vie la nuit
le chant du colibri
et l'horizon couvert
qui s'obscurcit
j'ai appris
à rester de glace
sous la chaleur
tropicale
à faire du surplace
sur tes formes mobiles
sous un ciel immobile
à découvert

Loin d'ici j'ai appris
à aimer la vie
la nuit
à tenir tête
aux coupeurs de tête
à suivre le rivage
tes pas dans le sable
qui s'en allaient
j'ai appris
à deviner l'obscurité
dans tes pensées
dans ta main fermée


Loin d'ici j'ai appris
à aimer la vie la nuit
à oublier
décors rencontrés
l'un après l'autre
abandonnés
j'ai appris
à sinuer
entre tes seins
me retourner
dans l'eau claire
dans tes yeux
saturés de beauté
j'ai appris
le cœur
vaguement brisé
à sillonner
sur un écran qui s'effaçait
sur ton image
qui se déconnectait
à aimer la vie la nuit
le chant du colibri
et l'horizon couvert
qui s'obscurcit
j'ai appris


Loin d'ici j'ai appris
à aimer la vie la nuit
à m'échapper sans bruit
dans la douceur d'un printemps
dans des arômes impertinents
dans la douceur d'un orage
un songe sans histoire
loin d'ici loin d'ici
j'ai appris
à aimer
la vie la nuit.

Emmanuelle Damour

Ire

Ire

Quand nos mains
se menacent
pauvres bêtes
et quand le verbe
entre tel un couteau
dans la chair

Comment te sens-tu

Quand chaque jour
c'est la volonté
impuissante
de te pendre
qui t'attend
quand la brûlure
avortée
sur l'aorte
te sers à oublier

Dis-moi
Comment te sens-tu

Quand nos mains
se menacent
pauvres bêtes
et quand le verbe
entre tel un couteau
dans la chair

On dirait que c'est la tête
qui passe la première
en enfer
elle est familière
de ces cercles
et pousse la poussière
pousse la poussière

Comment te sens-tu

Quand ta bouche
ressemble
à une blessure
blessante
une fleur de sang
la dernière chance

Comment te sens-tu

Quand ton corps
ne porte plus
ni tes yeux ni ta peine
parce que c'est l'heure
de cracher
la dernière veine

Allez dis-moi
Comment te sens-tu

Quand nos mains
se menacent
pauvres bêtes
et quand le verbe
entre tel un couteau
dans la chair

Comment te sens-tu

quand le rouge monte
des entrailles
malades
quand tu restes assis
sur ton pouvoir
de mots en maux
et de batailles en cadavres

Comment te sens-tu
allez dis-moi
comment te sens-tu ?

Emmanuelle Damour

Inachevé

Inachevé


J'ai mangé mon sang
j'ai vomi
une vie innocente
et le voile blanc
s'est posé
devant mon regard
affamé
un rapide survol
sur la scène muette
nantie de gens
menaçants
c'est Chronos
dévorant ses enfants

L’œuvre est restée
inachevée
et ma robe élimée
les noces sont-elles
un terrain miné


ça fait désordre
ces mères trop bonnes
et ces enfants
qui manquent d'absence
le marchand s'est éteint
quel rêve pour demain
par une journée fraîche
me réveiller
où est mon partenaire
et ma joie pérenne
noyée dans la haine


L’œuvre est restée
inachevée
et ma robe élimée
les noces sont-elles
un terrain miné


ça fait désordre
ces pleurs sur la robe
ces morceaux d'ivresse
sur ton cœur
calciné de pleurs
les mots se sont vidés
à force de toujours
plus rien ne bouge
les noces sont-elles
un terrain miné ?

Emmanuelle Damour

Idée de déclaration

Je suis le mendiant
de mots chantés et chantants
je passe sur toi
pour trouver le masque
et sous le masque
encore tu te caches

Je suis le mendiant
de mots chantés et chantants
et quand je parle
c'est dans ma bouche
que nos corps
se touchent


Je suis le mendiant
de mots chantés et chantants
et quand je te cherche
chevalier
à la peau de panthère
je t'aime


Emmanuelle Damour

Humains

Humains

Et si c'était
juste là
entre nos mains
quand nous avons
fermer les yeux
quand l'amour
vient se loger
si c'était juste ça

Ne pas s'arrêter
quand l'âme est rongée
de toute part
de chercher
et si c'était juste ça
si c'était

Derrière les arbres
qui bougent
derrière ton masque
muraille
quand j'entends
l'enfant qui parle
j'entends sa rage de rêves
je vois ses yeux de lumière
et sa force ressemble
à celle des hommes
quand ils forment
cet ensemble
moi ça m'enchante

Si c'était juste ça
quand la rue s'avance
vers l'impasse
et que s'absente le sens
derrière l'indifférence
je reconnais
les mêmes souffrances
et sur nos plaies
ce sont les mêmes peurs
qui font peur

Et si c'était juste ça
lâcher
l'espoir le désespoir
le chagrin et la peine
lâcher
l'envie de l'avoir
le geste de prendre
pour recevoir
rien que dans un regard
beaucoup plus que la foi
allez serrez-vous
serrez-vous
serrés
jusqu'à sentir en toi
ce que jamais les yeux
ne voient
ce sont des hommes
quand ils forment
cet ensemble
moi ça m'enchante.

Emmanuelle Damour


Ecrire

Ecrire

L'aube n'est pas loin
je suis le couteau
la fièvre d'un matin
née pour rien
j'adresse mes paroles
à une horloge parlante
une amie d'enfance
que faire
des morceaux d'infortune
le vent à tourné
où se retrancher
c'est un dimanche
après-midi

J'étreins
un avenir de glaise
et des souhaits balaises
comment
résister à la falaise
du haut du sixième

Le temps s'est désamorcé
défilé de mains serrées
je retiens une empreinte
une âme s'est drapée
de légèreté
un clown est né
le rire d'un enfant
tombe à pic

Dans l'eau neuve
d'un glacier
l'humain est né
le cœur abîmé
par les rochers
ses pleurs se sont cassés
et la douceur
s'en est allée


J'étreins
un avenir de glaise
et des souhaits balaises
comment
résister à la falaise
du haut du sixième

Le bruit du lointain
vient me réveiller
la barque est posée
sur le Léthé
suis-je arrivée
un jour de mai
enlève
des lambeaux de haine
il reste
un œil ouvert par la vie
le tremblement de la Terre
et l'avancée d'une défaite.

Emmanuelle Damour

Des Adieux



On est l'un face à l'autre
encore un pas
et entre nous
chacun pourra voir
le lien de sang
se rompre
mais avant
j'avance
je veux voir
s'il te tombe
des larmes de moi
voir s'il en est
qui sortent indemnes
de la terre

On est l'un face à l'autre
encore un pas
et entre nous
chacun pourra voir
les cris devenus tangibles
ceux qui sortent
d'une bouche amputée
de son souffle
chacun pourra voir
des fragments de moi
et le poids du monde
battre encore
dans ma voix

On est l'un face à l'autre
encore un pas
et entre nous
chacun pourra voir
que je ne suis pas
de fer forgé
pas de taille à supporter
comment appeler
cette absence
elle te ronge
sans se presser
elle te presse
entre ses lèvres
jusqu'à ce que tu sois
inerte parmi la matière

On est l'un face à l'autre
l'un face à l'autre.

Emmanuelle Damour

De mère à fils...

De mère à fils amoureux


Quand j'ai vu
cette image
faite de noir
faite de blancs
posée sur mes mots
carte
pourtant colorée de rose
tu l'a regardais
tu l'aimais
tu disais même
qu'elle ressemblait
à une actrice célèbre

Moi je m'en vais
je m'en vais je m'en vais

Quand j'ai vu
que j'étais
couverte d'ombre
elle
posée devant
souriante
c'est ta mère
ton amante
tu la vénères
c'est ta lumière
la bonne mère
tu la cherches
dans tes projets
dans tes ex

Moi je m'en vais
je m'en vais je m'en vais

Tu lui as
donné ton âme
et de femmes en femmes
tu veux l'avoir
dans ton métier d'homme
tu veux qu'elle te voit
fidèle au contrat
je suis la mauvaise face
mauvaise mère
ô bras de pierre
tu m'enlaces
me casses et m'enserres

Moi je m'en vais
je m'en vais je m'en vais

Quand j'ai vu
que pesait sur moi
ce miroir
image d'une mère
qui cherche
son calice c'est son fils
image d'un fils qui aime
sa geôlière c'est sa mère
quand je t'ai
tendu la main
tu me montrais
celle que tu chéris
jours et nuits
dans sa beauté
pérenne
tu l'as vénères
à chercher
affamé
le sein maternel
tu l'a regardais
tu l'aimais
tu disais même
qu'elle ressemblait
à une actrice célèbre

Alors moi je m'en vais
ouais je m'en vais
je m'en vais

Pleurer ailleurs
dans les cieux
ou le sable
je porte en moi
cet ineffable
porte en moi
cette porte close
amour
à haute dose
je t'envoie
le meilleur
comme un otage
tu la vénères
c'est ta lumière
la bonne mère
tu la cherches
dans tes projets
dans tes ex
dans tes projets
dans tes

Allez moi
je m'en vais je m'en vais
je m'en vais.

Emmanuelle Damour

Dans le parc

Dans le parc   Hommage à Bashung

Je cherche un rival
une sentinelle inerte
dans le parc
je suis en tête
je sens un air dépressif
sur mes pas
une dague entre tes bras
est-ce une image
je suis en tête
pour aller
en enfer

Dans le parc
je cherche
un oiseau de proie
un plus fort que moi
pour affronter
le ruisseau ses entrelacs


Un personnage dans le brouillard
c'est pas le diable
je suis comme ça
quand j'ai mal
j'apprécie
les fantaisies nocturnes
et j'évite
l'ordre et le calme
j'évite
l'ordre et le calme


Qui me prend
à la légère
quand je serre
ma proie
je cherche
un contact
un nom de femme
sur un papier calque
que le vent arracherait
un nom emporté
je suis l'oiseau muet
attaché à l'averse
à toute heure
je fais
cavalier seul

Un personnage dans le brouillard
c'est pas le diable
je suis comme ça
quand j'ai mal
j'apprécie
les fantaisies nocturnes
et j'évite
l'ordre et le calme
j'évite
l'ordre et le....
l'ordre et le calme !

Emmanuelle Damour


03 novembre

03 novembre

On était
de la même verve
du feu dans la fête
on était
veine dans la veine
cette main qui cherche
sans peur de perdre

On était
et c'était
plus fou que l'amour fou
plus beau que le beau
c'était quand j'y pense
cette innocence inouïe
pourvue de sens
plus riche que les riches
c'était...
la vie quoi

On était
de la même verve
du feu dans la fête
on était
veine dans la veine
cette main qui cherche
sans peur de perdre


Et c'était
des sphères célestes
dans ma mémoire
assaillie par le manque
c'était
cette parole sans offense
qui porte nos bouches
porte nos âmes
qui se touchent

On était
de la même verve
du feu dans la fête
on était
veine dans la veine
cette main qui cherche
sans peur de perdre

On était
et c'était juste là
sous le charme des Cieux
dans le livre du temps
un pont un abysse
ce point qui se pointe
qui tait et te tue

On était
il aurait fallu le vivre
cette candeur aux rires
sans oiseau de proie
sans le poids de la poisse
et c'était
du feu dans la fête
veine dans la veine
cette main qui cherche
sans peur de perdre

C'était
à se serrer les poings
aussi fort que la force
qui remue les nerfs
t'apporte la lumière
à portée de bouche

On était
si près de se passer
des flots du Léthé
tu sais
c'est l'éternité
ce qui bouge sous tes tempes
quand les sangs ce mélange
se mange

On était.

Emmanuelle Damour

Un jour sans ombres

Un jour sans ombres



Je me souviens
de mon regard d'enfant
de la joie et des peurs
de la colère sur la moquette


Je me souviens de ce présent
c'est un jour sans ombres
ce sont des frissons
qui me rongent
ce sont mes frissons
et ces cris qui me poursuivent
ce sont ces cris
ces cris ce sont ces cris


Et si c'était pour se dissimuler
la vérité
secoue la tête
allez secoue la tête
et si c'était pour fuir
le doute l'écorchure
secoue la tête
allez secoue la tête


Je me souviens
de tout ce micmac
tout est faux et pourri
des yeux aux oreilles
à la bouche entrouverte
je me souviens de rêves
absents sur nos visages
c'est un désert à boire
comme une ciguë
qui claque


Et si c'était pour se dissimuler
la vérité
secoue la tête
allez secoue la tête
et si c'était pour fuir
le doute l'écorchure
secoue la tête
allez secoue la tête


Je me souviens
de mon regard d'enfant
un jour sans ombres
ce sont des frissons
qui me rongent
et ces cris
qui me poursuivent

Et si c'était pour se dissimuler
la vérité
secoue la tête
allez secoue la tête.

Emmanuelle Damour